Revue de la semaine du 8 janvier

Parcourons rapidement les évènements conséquents de la semaine passée qui n’ont pas reçu de couverture significative dans les médias.

Tout d’abord, regardons la Syrie. « L’attaque simultanée de treize drones qui s’est produite dans la nuit du 6 janvier contre les bases russes implantées en Syrie, alimente les tensions et soulève des questions. » nous dit « Le Monde ».

Est-ce que c’est une nouvelle tentative poussant la Russie à répondre militairement pour ensuite l’accuser d’une agression militaire et l’impliquer dans une véritable guerre ? Qui se cache derrière ces amateurs de l’aéromodélisme ?

Rappelons-nous que lorsque le 11 décembre 2017 Poutine a visité la base aérienne russe à Hmeimim, dans la partie ouest de la Syrie, il a déclaré que si « les terroristes décident à nouveau lever la tête, nous leur porterons un coup de la puissance qu’ils n’ont jamais connu auparavant ».

Comme nous le savons, les seuls terroristes restant sur le territoire syrien se trouvent sur la base américaine au nord de la Syrie. Cette base est entourée d’un bouclier humain des campements de réfugiés, ce qui permet aux terroristes d’éviter les bombardements et autres attaques militaires.

La base militaire Al-Tanf, protégée par le « bouclier vivant » des réfugiés syriens s’est transformée en un « trou noir » sur la frontière jordano-syrienne. Elle sert de porte de sortie pour les groupes mobiles des terroristes de l’Etat Islamique.

Les représentants de Pentagone ont déclaré à plusieurs reprises que les instructeurs américains, britanniques et norvégiens qui y résident sous la protection de l’aviation tactique et des lance-roquettes multiples, font la préparation des militants de la « Nouvelle armée syrienne ». En pratique Al-Tanf est devenue un « trou noir » étalé sur 100 km le long de la frontière entre la Jordanie et la Syrie. Et au lieu de la « Nouvelle armée syrienne », ce sont les groupements mobiles d’IGIL qui sortent de ce trou afin de mener leurs attaques sur l’armée syrienne et la population locale.

En avril 2017 les États-Unis ont installé cette base militaire illégale en contournant toutes les juridictions internationales. Leur argument était la « nécessité des opérations contre IGIL ». En plusieurs mois d’existence de cette base personne n’a entendu parler des opérations des américains contre IGIL.

Par ailleurs, tout près de cette base se trouve l’un des plus grands camps de réfugiés syriens Rubkan, accueillant plus de 60 000 femmes et enfants qui ont fui Raqqa et Deir ez-Zor. Les réfugiés de Rubkan sont, en réalité, devenus otages ou « bouclier humain » pour la base américaine. Rappelons qu’à part les américains, les terroristes (avec qui les américains sont venus se battre) sont les seuls à utiliser cette technique de « bouclier humain ».

Plusieurs attaques contre l’armée syrienne ont été effectuées à partir de cette zone de 50 km qui entoure Al Tanf, et où se trouve la mission militaire américaine. Pendant la nuit du 28 septembre 2017 des dizaines des véhicules « tout-terrains » avec près de 300 militants d’IGIL sont sortis des environs de Rubkan en se dirigeant vers la ville de Al Qaryatayn de la province Homs. Ils ont contourné avec succès toutes les positions dissimulées de l’armée syrienne qui se trouvaient sur leur passage Cela signifie qu’ils avaient les coordonnées exactes de ces positions qui peuvent être obtenus uniquement en utilisant la prospection aérienne. Ce groupement a tâché de prendre les hauteurs qui dominent la ville d’Al Qaryatayn.

Le même jour les groupements d’IGIL ont mené une série des actions coordonnées contre d’autres positions de l’armée syrienne le longue de la route stratégiquement importante Palmyre – Deir ez-Zor. Cette dernière sert pour le ravitaillement de l’armée syrienne dans la vallée de l’Euphrate et pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

L’armée syrienne a réussi de les combattre, en déployant des efforts considérables.

Les américains (ou l’élite locale américaine) ont besoin, à tout prix, briser l’alliance politico-militaire entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Conformément à leur compréhension de la gouvernance supranationale et de la politique extérieure, ils ont effectué cette provocation à partir de la zone qui se trouve sous la responsabilité de l’armée turque, des dirigeants de la Turquie. Quelles en étaient les conséquences ?

Tout d’abord cette attaque a servi de publicité pour l’efficacité de la défense aérienne russe. Par ailleurs, elle a créé les conditions permettant de revoir la position de la Turquie dans l’union contre IGIL. Il a été clairement indiqué à la Turquie qu’elle ne parvient pas à répondre à ses obligations de maintien de paix dans la zone de désescalade d’Idlib. Ainsi le rôle, le territoire supervisé et les capacités de la Turquie en général doivent être revus.

L’objectif de cette provocation avec les drones était de fâcher les russes contre les turques et les pousser à attaquer la Turquie.

L’approche réfléchie de la Russie a amené le résultat inverse. Pendant plusieurs jours Erdogan accusait les États-Unis de tous les péchés du monde y compris de la tentative d’un coup d’Etat. Il a appelé à détruire « l’armée de la défense des frontières de la Syrie » que les Etats-Unis disent de former.

Toutefois, il n’a que peu d’options : s’il veut perdurer en tant que leader politique et conserver la Turquie en tant qu’Etat, il doit accepter les conditions dictées par la Russie. Or, les conditions russes deviennent de plus en plus dures après chaque échec turc.

Erdogan comprend qu’on le pousse dans un coin. Pour le moment il y a un trio où sa voix est entendue dans les relations avec l’Iran et la Russie. Les nouvelles conditions signifient, en effet, que la Turque passe en position secondaire. Par coïncidence, c’est le souhait de l’Iran, qui veut rehausser sa position. Et le leader de ce triumvirat est toujours la Russie.

Ainsi, la provocation organisée par l’élite locale américaine a permis à la Russie de corriger le rôle de la Turquie dans les processus syriens, en le diminuant.

Un autre évènement de derniers jours qui mérite d’être mentionné, c’est celui d’un bus qui fonce dans une entrée de métro sur une avenue très animée de Moscou. Quatre personnes ont été mortes sur place, neuf ont été hospitalisées. C’est le type d’incidents que nous avons déjà observé dans plusieurs villes à travers le monde.

Là encore, nous sommes face aux jeux des élites locales américaines. Vous pouvez regarder toutes les vidéos accessibles sur le web ou vous apercevrez le chauffeur qui essaye de maitriser son engin. La conclusion est évidente : le contrôle du bus a été intercepté de l’extérieur. Point.

Bien entendu, lors de l’investigation officielle on va parler d’un accident ou d’un chauffeur déprimé ou alcoolisé.

Un autre évènement significatif de l’actualité, ce sont les élections présidentielles en République Tchèque. Il semble que le mouvement de soutien de l’un des candidats de l’opposition est en train d’organiser une « révolution de couleur ». Tous les composants classiques de la première phase de préparation ont déjà eu lieu. Il y a une couleur qui a été choisie, turquoise. Il y a le nom qui circule – « la révolution turquoise ».

La phase de « gonflage » de l’énergie négative, pleine de haine et des insultes contre le président Zeman a déjà eu lieu. Il y a eu une manifestation, où l’on a chanté un soi-disant « chant révolutionnaire » qui a été écrit spécialement pour cette manifestation. Il y a déjà des mouvements rythmiques, proches d’une danse qui ont été introduits. D’après les statistiques il y a près d’un demi-million de personnes qui ont rejoint ce mouvement. Quelle sera la suite ?

Si nous réfléchissons un peu, nous voyons que rien de surprenant ne se déroule devant nos yeux. L’élite locale américaine, dans la mesure de ses intérêts, organise ses évènements pré-électoraux en essayant de placer leur propre candidat.

Malgré tout ce que dit l’opposition, le président sortant Zeman n’est pas un président pro-russe. Il est réellement l’homme politique tchèque qui œuvre dans les intérêts de son pays, et il est bien inscrit dans la politique globale. Il résout bien les problématiques purement tchèques de la politique globale. Ceci étant dit, il comprend parfaitement que son pays doit travailler avec la Russie d’une manière pragmatique. Toutefois, tous ceux qui disent qu’il faut travailler avec la Russie ne conviennent pas aux élites locales des Etats-Unis.

Rappelez-vous ce qui s’est passé dès que Trump a annoncé qu’il aimerait instaurer avec la Russie « les relations de travail normales ». Cette phrase a provoqué une crise d’hystérie des élites locales américaines. Quel comportement attendez-vous par rapport à un pays comme la République Tchèque, qu’elles considèrent comme leur arrière-cour où ils peuvent nommer les gouverneurs à leur convenance ?

Dans le cas des élections actuelles tout dépend de la distribution des forces de gouvernance en Tchéquie proprement dit. Qui est derrière Zeman ? Quels sont leurs mécanismes structurels ? Comment va-t-il effectuer sa gouvernance ? Comment vont le soutenir les élites globales et les élites locales de la République Tchèque ?

Encore un évènement des derniers jours qui vaut le détour a eu lieu le 7 janvier. Il s’agit de la collision entre un navire de fret chinois et un tanker iranien. Compte tenu du fait que les deux pays sont positionnés comme les deux futurs centres mondiaux de la gouvernance, cet accident a le sens symbolique.

Comme nous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises, cette création de nouveaux centres de concentration de la gouvernance n’avance pas tout à fait comme prévu. Ce n’est pas la question de prématurité de cette décision, car cela fait bien longtemps que tous les moyens nécessaires ont été mises en œuvre, tous les leviers ont été complétement actionnés.

La question est toute autre. D’après les projets des élites globales, au début des années 1990s l’Union Soviétique était censé de se transformer en une multitude des Etats-souvenirs désintégrés. Ensuite il devait se réunir à nouveau comme un Etat marxiste dans le cadre des élections présidentielles de 1996.

Ce projet n’a pas pu se réaliser essentiellement à cause de la conception du monde, du comportement et de la mentalité des peuples de la Russie, qui sont différent de ceux des peuples occidentaux. La question qui s’est posée alors c’est : « Comment y arriver ? Il faut bien « reformater » la Russie. »

Mais comme le « reformatage » de la Russie n’a pas eu lieu, alors, le « reformatage » des Etats-Unis, prévu à la même occasion, a également était repoussé. Et la dégringolade de la Russie a continué après 1996.

Pendant ce temps-là une sorte de consensus social s’est installé en Russie à propos de ce qu’il faut faire. Cet accord social implicite a amené au pouvoir Poutine. Ce dernier a commencé la reconstruction du pays, ce qui a complétement changé le cours de la politique globale.

Suite à cela il est devenu impossible de transformer l’Iran en centre de concentration de la gouvernance mondiale. Dans les conditions planifiées initialement par les élites globales, l’Iran aurait déjà pu de fait devenir un centre de concentration de la gouvernance mondiale (en générant différents surcoûts internes et grâce au soutien externe), avec, par la suite, le déménagement de certaines élites en Iran. Toutefois, cette transformation n’a pas eu lieu. La guerre en Syrie a démontré que dans les nouvelles conditions politiques il ne peut pas devenir un centre de concentration de la gouvernance.

La Chine peut, tant bien que mal, continuer à avancer dans cette direction, l’Iran ne le peut pas. Il faudra le « faire grandir » vers les nouvelles conditions politiques dans le monde. Pour cela la Russie doit encore exister en tant que stabilisateur de la situation dans le monde.

L’Iran a des problèmes un peu dans tous les domaines. La China a également des problèmes, mais elle reste à flot. Ce fait s’est exprimé d’une façon matricielle : le pétrolier iranien a explosé et a coulé par la suite, ne laissant aucun survivant. Cela signifie que l’Iran n’est pas prêt à affronter la réalité. Le centre de concentration de la gouvernance basé sur l’Iran n’est pas prêt. La Chine (le vraquier chinois) a réussi à rester à flot et à accomplir sa mission – ramener les marchandises. Cela correspond bien à l’état actuel des deux centres de concentration de la gouvernance.

Conformément à cette situation la Chine est actuellement obligée de prendre sous sa gouvernance plusieurs territoires qui devraient se trouver sous la gouvernance de l’Iran. Cela se voit par exemple en Syrie, où elle envoie des forces spéciales qui essayent d’agir d’après ses propres règles et cela ne fonctionne pas. Parfois elle essaye de jouer le rôle d’un intermédiaire politique ce qui ne marche pas très bien non plus…

Pour terminer, rappelons-nous une sagesse chinoise : « Signes et symboles gouvernent le monde ». Instruisez-vous. Apprenez à détecter et comprendre ces signes et symboles.

Source de photos : Wikimedia

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