Banque-assurance : tendances technologiques 2014-2015 – 2

Cet article est la suite de l’analyse publiée précédemment.

2. Va devenir plus importante

Dans la catégorie « Va devenir plus importante » deux technologies partagent la première position, « Services basés sur la géolocalisation » et « Internet très-très haut débit ».

L’internet à très haut débit fait déjà partie du quotidien en France et dans la majorité des pays de l’Europe occidentale. Ses conséquences sont évidentes : plus le débit de transfert des données est élevé, plus rapide devient le chargement des informations que nous visualisons (rappelez-vous des années 1990 où il fallait, hmmm… près d’une minute pour visualiser une page). Cela ouvre la possibilité notamment à la vidéo, qui prend une place de plus en plus importante dans notre communication, d’être transmise et visualisée presque instantanément.

En ce qui concerne les « Services basés sur la géolocalisation », leurs possibilités sont quasi illimitées. Toutefois, leur développement en Europe va être fortement influencé par la Règlementation européenne concernant la protection des données, tout comme sur la volonté des individus de ne pas partager leurs données privées. Les dangers ici sont aussi innombrables que les opportunités : en 2010 le site internet nommé « rob my house » (« braquez ma maison ») est apparu (supprimé en 2011). Il visualisait, tout simplement, les déplacements et les itinéraires des abonnés de Foursquare, ce qui laissait entendre que pendant ce temps leurs maisons restaient sans surveillance.

Toutefois, la géolocalisation pourrait créer beaucoup de nouveaux services sans passer par le mode intrusif de « push ». Par exemple, votre banque remarque que vous faites souvent vos achats chez Sephora / Bricorama / Jeff de Bruges. Elle pourrait demander votre accord préalable pour vous envoyer une offre spéciale correspondant à votre enseigne préférée à chaque fois que vous passez près de l’une de ses boutiques. Ainsi, le partage de vos données privées (votre géolocalisation) se passera dans le cadre du parfait consentement mutuel.

Un autre exemple pourrait être le cas d’assurance pour une résidence de personnes âgées. Supposons que le réparateur agréé informe votre assurance du fait que l’ascenseur de la résidence va être en travaux pendant quelques jours. Pendant la durée des travaux l’assurance pourrait proposer aux résidents une couverture spécifique liée aux risques de l’escalier.

« Analyse des grands volumes de données » arrive en deuxième position parmi les technologies qui vont devenir plus importantes dans le domaine banque / finance / assurance. Dans l’analyse de la catégorie précédente nous avons déjà évoqué les opportunités économiques immenses et la complexité intrinsèque du développement accéléré de ce domaine.

La « Règlementation en matière de protection de données » qui se place en troisième position va certainement devenir plus importante, notamment suite à un certain nombre de scandales qui ont eu lieu dernièrement.

La « Représentation graphique de données statistiques » qui arrive en quatrième position, est très représentative des tendances actuelles. Nous percevons l’information surtout avec nos yeux. Les nouvelles possibilités de présentation visuelle de tout type d’information accessible au grand public peuvent ouvrir de nouvelles opportunités de compréhension, d’explication et de prévision. Les possibilités technologiques dans ce domaine existent depuis des décennies, toutefois, les usages associés ne se sont toujours pas développés. Pensez à la représentation de l’information en 3D, quelque chose qui a été fait lors du tournage lointain de « Jurassic Park ».

3. Ne va pas devenir plus importante

Dans la catégorie « Ne va pas devenir plus importante », la première place est occupée par l’« Informatique affective ». Bien que de plus en plus connu par le grand public, ce domaine technologique ne semble pas trouver facilement sa place. Nous avons vu les robots qui agissent en fonction de l’expression de votre visage, du timbre de votre voix, mais nous ne pouvons pas facilement imaginer comment ceci va impacter notre quotidien.

Et pourtant… Dans la partie de notre vie liée à la « banque au quotidien » nous nous trouvons encore à l’âge de pierre. Pourquoi, pour retirer du liquide dans un distributeur automatique des billets nous devons encore utiliser la procédure archaïque de la saisie d’un code confidentiel ? Pourquoi ce DAB ne reconnait-il pas les intonations de notre voix, notre empreinte digitale, ou notre sourire ?

Pourquoi les assurances ne créent pas un tarif spécial pour assurer les voitures équipées des appareils de surveillance de votre corps et de votre visage, permettant de détecter les signes de fatigue et de vous obliger à vous arrêter ? Mercedes et Toyota sont parmi ceux qui testent ce type d’équipement.

L « Analyse des données liées à la « gamification » » arrive en deuxième position parmi les tendances technologiques qui ne vont pas devenir plus importantes au cours de 12-24 prochains mois. Les « serious games » et approches ludiques dans l’apprentissage se sont beaucoup développés au cours des dernières années. Toutefois, pour que les opportunités qu’ils offrent soient exploitées pleinement, plusieurs barrières persistent, comme l’a démontré le dernier salon Educatec-Educatice. Tout d’abord, la grande majorité des constructeurs de supports informatiques ou des éditeurs des logiciels semblent être très éloignés de leurs utilisateurs finaux et conçoivent leurs produits sans tenir compte des usages réels. Par exemple, ils manquent de connaissance du terrain de « comment » travaille un étudiant d’aujourd’hui et non pas un « étudiant – modèle – tel – qu’il – devrait – être ». Par ailleurs, la logique de conception de nouveaux produits dans ce domaine se base toujours sur le fonctionnement et les logiques anciennes, telles qu’elles étaient pendant des décennies (siècles). Or, grâce, justement aux nouvelles technologies et aux nouvelles approches du type « ludification/gamification » il est nécessaire de changer le paradigme.

Dans un avenir un peu plus éloigné que les 12-24 prochains mois nous pourrons voir l’analyse des données liées à la ludification intégrée dans la connaissance client et les différentes techniques de vente. Conformément à la réglementation en matière de la protection de données, cette utilisation sera limitée conformément à votre accord préalable, bien entendu.

Nous trouvons « Technologies persuasives » à la troisième place des technologies qui ne vont pas devenir plus importantes. L’ironie du sort de ce classement est que le grand public ne remarque même pas à quel point ces technologies sont déjà ancrées dans notre quotidien. Par exemple, lorsque nous installons un logiciel, nous sommes accompagnés par les assistants logiciels (wizards). Non seulement ils nous poussent vers le choix de telle ou telle option par défaut, mais en plus ils peuvent nous inciter à installer les composants supplémentaires que nous n’avons  pas prévu initialement. Un autre exemple : prenez toute sorte de messages publicitaires avec l’idée de consommer « cinq fruits et légumes par jour ». Ces messages sont intégrés dans tous les supports technologiques, tous les canaux. Ils sont ancrés dans votre cerveau à force de répétition. Et ces exemples sont légion. L’exemple du « cinq fruit et légumes » est bien le message utile aux assurances qui peuvent vous inciter à manger équilibré et réduire les risques de maladies pour lesquelles elles vont devoir vous payer des indemnités…

La quatrième position dans cette catégorie est occupée par les « Technologies portables ». Il est tout à fait possible que ce domaine ne révolutionne pas le monde au cours des 12 prochains mois. Toutefois, il a bien évolué depuis l’apparition des premières technologies portables, les montres avec les calculettes intégrées des années 1980. Aujourd’hui la moitié des joggeurs se réfèrent à leurs montres Polar (ou similaire) pour mesurer et analyser leur rythme cardiaque et les calories dépensées, d’avoir les recommandations appropriées, etc. Toutes ces informations peuvent être intéressantes pour votre compagnie d’assurance, par exemple. Récemment un gourou de la finance a annoncé sur Bloomberg que Nike devient l’une de plus grandes sociétés technologiques au monde. Les produits de Nike sont de plus en plus des objets de « technologies portables ».

Le fait que Gartner place les technologies portables dans la catégorie « Mobile Devices », au même titre que les téléphones, tablettes et ordinateurs portable, souligne bien l’importance du potentiel de ce domaine.

La cinquième position dans le classement des technologies qui ne vont pas devenir plus importantes est occupée par le « Crowdsourcing ». C’est assez surprenant, car le phénomène de crowdsourcing est déjà bien ancré dans nos vies. De point de vue purement financier, de plus en plus de start-ups, de projets de développement des entreprises de taille petite à intermédiaire, ou de projets tout court (maquette de fin de stage) sont financés par les plateformes de crowdsourcing.

20131213_ne-vont-pas-devenir-plus-importantesIl y existe un paramètre à prendre en compte pour ce domaine. Les banques, massivement haïes dans tous les pays du monde depuis la crise financière du 2008, vont devoir reconquérir leurs clients. Aujourd’hui nous voyons la publicité du Crédit Agricole qui annonce que chaque euro mis dans la banque est l’euro qui sert à financer les projets dans votre région. Demain les banques vont devoir apporter des preuves concrètes pour ce type de messages, prouver qu’elles sont réellement « proches de leurs clients ». Par exemple, votre banque remarque que vous achetez régulièrement les billets pour les concerts de musique classique. Elle pourra vous contacter avec le message du type « Nous venons d’apporter 15% des fonds nécessaires pour financer la sortie du premier album d’un futur Mozart du XXIème siècle, est-ce que cela vous intéresse d’y investir avec nous ? ». C’est une vraie proximité du client, et ce n’est pas un rêve : AXA participe déjà dans les projets culturels crowdsourcés sur My Major Company

Une autre tendance technologique qui se trouve en cinquième position, « L’auto management quantitatif » est probablement plus pertinente pour les pays anglo-saxons où l’Etat est moins présent au quotidien et où le niveau de la responsabilisation de l’individu est bien supérieur à celui existant en France. Les habitants de ces pays sont déjà habitués à quantifier les évènements, de se prendre en charge de point de vue médical. Ils y existent beaucoup plus d’application permettant d’agir en fonction de changement de la situation financière, des tarifs des banques, des assurances, des organismes financiers.

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