Diversité des voies de développement : Ouzbékistan

Il y a peu de chances qu’un passant arrêté dans la rue connaisse ce pays, très peu sont capables de le positionner sur une carte. Cette méconnaissance me fait penser à la remarque faite par l’interprète de François Mitterrand lors d’une discussion privée dans l’année lointaine de 1992 : « Suite à la chute de l’Union Soviétique nous avons fait beaucoup de découvertes. Celle, par exemple, que le plus grand producteur mondial de coton ce n’est pas l’URSS, mais l’Ouzbékistan. Nous sommes perdus face à une telle diversité des pays inconnus… »

Depuis sa déclaration d’indépendance, il y a un peu plus de 20 ans, l’Ouzbékistan a fait un beau parcours. Il lui reste encore beaucoup à faire pour pouvoir se hausser dans les rangs des pays les plus respectés, et il a tout le potentiel pour y arriver. Sur son territoire, dont la superficie est proche de celle d’Espagne, et avec sa population d’environ 30 millions d’habitants, l’Ouzbékistan possède d’immenses ressources naturelles (une centaine de variétés) et une excellente démographie (2,49 enfants/femme). Il suscite l’intérêt croissant des entreprises internationales, des établissements d’éducation supérieure, etc.

20131010_Foreign companies - UzbekistanLe pays a réussi à garder le niveau d’inflation raisonnable (entre 6% et 8%) au cours de dernières années, tandis que la croissance du PIB était entre 7% et 9%. En même temps, des efforts significatifs, notamment d’ordre législatif, ont été fait pour attirer les investissements étrangers. De nombreuses zones économiques spéciales permettent aux investisseurs de bénéficier de conditions très favorables en termes d’imposition, d’infrastructures et de la disponibilité de la main d’œuvre qualifiée.

L’énergie est assez peu chère en Ouzbékistan ($0,05 par kW/h pour l’électricité, $56 par 1000m3 pour le gaz et $21 par tonne pour le charbon), ce qui permet le développement des industries consommatrices en énergie. En même temps, et afin de donner un certain équilibre à l’économie, l’Etat fait des efforts considérables pour la diversifier. En plus des industries classiques des pays riches en ressources naturelles, comme l’exploration du pétrole, du gaz, la pétrochimie, la chimie, l’extraction minière & la métallurgie, l’Ouzbékistan développe d‘autres industries comme l’automobile, l’équipement agricole, l’ingénierie électrique, l’électronique, la production des matériaux de construction, du textile, de pharmacie, la transformation des produits agricoles, etc.

L’un des exemples du développement d’Ouzbékistan peut être la zone économique de libre échange de Navoï, situé pas très loin de la capitale Tachkent. Actuellement la zone compte 14 projets qui sont déjà opérationnels, une dizaine de projets est en cours d’avancement et 50 autres sont en cours de développement. Parmi les projets opérationnels on trouve les composants auto, les lampes LED, les téléphones mobiles, les tubes en polypropylène etc. L’aéroport de Navoï compte 29 vols hebdomadaires vers Delhi, Bombay, Bangkok, Frankfurt, Istanbul, Dubaï, Doha, Dhaka, Hanoi, Moscow, Milan, Brussels, Vienna, Zaragoza, Inchon, Paris. Bien entendu, les conditions financières d’implantation dans une telle zone laissent rêveurs.

Avec une population assez jeune (34% d’ouzbeks ont moins de 14 ans), l’éducation est un axe de développement majeur. Historiquement, plusieurs établissements d’éducation supérieure russe ont leurs antennes en Ouzbékistan, comme les moscovites l’Université d’Etat de Lomonossov et l’Institut de pétrole et de gaz de Goubkine. Au cours des dernières années de nombreux établissements internationaux (Westminster International University, Singapore Institute of Management Development, Turin Polytechnic Institute) sont également venu dans le pays qui compte actuellement sur son territoire 65 universités, instituts et écoles d’ingénieurs.

Un autre point important : bien que près de 90% de population se déclare être de confession musulmane, Ouzbékistan reste un pays très tolérant.

Bien sûr, tout n’est pas rose… Du fait que le pays est géré (bien que très raisonnablement) par le même Président depuis 1989, certaines réformes structurelles peinent à se mettre en œuvre. Celons les classements internationaux, le niveau de corruption n’a pas arrêté d’augmenter au cours des dernières années.

20131010_Foreign investments rank - UzbekistanCela s’ajoute aux conditions géographiques assez complexes : Ouzbékistan, tout comme Lichtenstein, est un pays doublement enclavé : il faut traverser au moins deux pays pour avoir un accès à l’Océan mondial. Le pays contient l’un des déserts les plus étendus de l’Asie Centrale, le Kyzylkoum. Les eaux des deux principales rivières du pays, Amou-Daria et Syr-Daria, qui se jettent dans la Mer d’Aral, sont intensivement utilisés pour l’irrigation des terres agricoles. Ce fait a beaucoup contribué à l’assèchement de cette mer.

Toutefois, ce pays a beaucoup de potentiel. Il est toujours regrettable de voir que les entreprises françaises, qui se plaignent du fardeau fiscal en France, ne profitent pas des conditions d’investissements exceptionnelles des pays comme l’Ouzbékistan. Lorsque l’on regarde le classement des pays-investisseurs (cf. le cadre à droite) on y retrouve un air de « déjà-vu » – la France se trouve à la huitième position…

Une légère note d’optimisme dans ce paysage est que les français, grands adeptes du tourisme culturel, sont les principaux clients de l’industrie touristiques en Ouzbékistan. Ce qui n’est pas étonnant compte tenu du fait que l’UNESCO a inclut plusieurs parties du patrimoine historique et culturel ouzbek, comme les centres historiques des villes de Boukhara, de Samarkand, dans le patrimoine culturel mondial.

Source des graphes : l’Ambassade d’Ouzbékistan en France.

Source photo : Wikipédia

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Lara STANLEY

Lara STANLEY écrit les analyses centrées essentiellement sur les sujets de l’économie, la finance et la société. Ayant travaillé dans les domaines de développement,...

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