Très souvent, un beau projet, une belle entreprise, n’aboutissent pas à cause des hypothèses de départ erronées.
Supposons que votre entreprise lance sur le marché un nouveau produit, un complément alimentaire magique (antirides, bronzant, procurant la joie et la bonne humeur). Il est bien plus complet et plus sophistiqué que ceux de vos concurrents, toutefois ce lancement s’avère être un échec. Et pourtant, vous pensez avoir bien analysé la cible potentielle (ex : cadre moyen, préoccupé par son bien-être), vous avez bien adapté les canaux de communication et de distribution. Suite à cet échec vous découvrez que ce que votre cible préfère chez vos concurrents, c’est la possibilité d’avoir des comprimés simples pour chaque besoin (un antirides, un pour le bronzage, et un pour la joie et la bonne humeur).
Une quantité effrayante de temps et d’argent est perdue… parce que, tout simplement, vous avez émis des hypothèses de départ qui n’étaient pas correctes.
Les projets complexes bâtis sur les fausses hypothèses de départ sont partout. Les coûts et les conséquences de leurs échecs varient, en fonction de leur envergure…
Le gouvernement a lancé différents types de Crédit Impôt concernant l’Innovation et la Recherche, pensant que ce dispositif servira à dynamiser l’activité économique. Ce raisonnement contient une part de vérité qui est bien accompagnée par une bonne part de croyance populaire. Certes, l’innovation est un catalyseur important du développement de la société. Toutefois l’innovation seule ne suffit pas pour activer la vie économique. D’après la réflexion de Jim Clifton, Chairman & CEO de Gallup, concernant la croissance à long terme, c’est l’entrepreneuriat qui sert de catalyseur pour l’innovation. C’est l’entrepreneuriat qui permet de créer la croissance économique et non pas l’activité d’innovation menée dans son isolement.
Jim Clifton compare l’entrepreneuriat et l’innovation au cheval et à la charrette. On peut charger autant que l’on veut d’idées innovantes sur la charrette (créer des idées innovantes dans une économie), mais la charrette (l’économie) n’avancera pas toute seule. Un produit ou un service innovant n’a aucune valeur commerciale tant qu’il n’a pas trouvé d’entrepreneur talentueux, capable de mettre une innovation au niveau des besoins de consommateur et d’amener cette innovation vers le marché où elle va trouver ses clients finaux.
Prenons un autre exemple concernant le manque de réflexion dans les hypothèses de départ.
Il y a quelques années, partant d’observations justes, l’Etat français a décidé de donner un coup de pouce au développement de l’innovation et de l’entrepreneuriat en créant les pôles de compétitivité et autres incubateurs. L’idée est formidable en soi, toutefois, l’Etat, ne comprenant que très peu à l’entrepreneuriat, a produit des structures enveloppées dans des kilomètres de toiles de politique interne.
Résultat des courses : dans toutes ces structures dotées de budgets importants, une grande partie des postes à responsabilités est occupée par les académiciens qui sont certainement experts dans leurs domaines respectifs, mais qui ne connaissent RIEN du monde de l’entreprise et de l’entrepreneuriat. Ils sont là pour prendre leur revanche des promotions / citation / chaires manquées au cours de leur carrière, pour soigner leurs égos en tricotant des toiles des prouesses politiques. En même temps ils se vantent haut et fort d’avoir sous leur responsabilité des très belles start-ups. Pendant ce temps, oppressées par l’environnement économique actuel et privées de liens réels avec le monde de l’entreprise, ces pépites s’enfoncent dans des gouffres financiers, sans que personne ne s’en rende compte.
En périphrasant Henry Kissinger (et Wallace Stanley Sayre avant lui), « Si la politique du monde académique est si vicieuse, c’est parce que les enjeux sont si insignifiants » (« Academic politics are so vicious precisely because the stakes are so small. »)
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