A la conquête de la liberté

Le sujet de l’entrepreneuriat est largement médiatisé. Voir surmédiatisé. Cela fait penser à l’adage des investisseurs financiers professionnels : « Si ton chauffeur de taxi et ta femme de ménage parlent des marchés financiers (entrepreneuriat), alors il est temps de sortir des marchés (entrepreneuriat). »

Il est vrai qu’une bulle s’est formée autour de l’entrepreneuriat. C’est devenu très tendance de s’attribuer le titre « entrepreneur », sans se soucier du contenu. La société française semble être plongée dans l’euphorie de la phase de découverte et d’apprentissage du monde entrepreneurial. Après cette phase, qui va être prochainement suivie d’une crise (d’adolescence ?) et l’explosion de la bulle qui s’est formée autour de l’entrepreneuriat, des phénomènes réellement intéressants peuvent avoir lieu. Car l’énergie entrepreneuriale est une force réelle, même si elle ne ressemble pas tout à fait à ce que les autorités politiques et économiques imaginent…

Malgré le tapage médiatique autour de l’entrepreneuriat, d’après une étude faite par Deloitte et Altares, le nombre de création des entreprises reste relativement stable en France. Plus de 550 000 entreprises ont été créées en 2014 contre 540 000 en 2013, soit une augmentation de 2%. La majorité des créations correspond à des structures d’autoentrepreneurs et seulement 10% d’entre elles portent un ou plusieurs emplois au moment de leur création. Sans tenir compte du statut d’autoentrepreneur, le nombre de création d’entreprises employeuses est de l’ordre de 25 000 par an. Elles sont créatrices d’emplois avec 2,7 salariés en moyenne et représentent donc de 65 à 70 000 créations d’emplois par an depuis 3 ans…

Par ailleurs, d’après les statistiques, la France compte environs 3,2 millions de PME, soit 99,9% des entreprises. Elles représentent 52% de l’emploi salarié. Elles réalisent 38% du chiffre d’affaires, 49% de la valeur ajoutée et 43% de l’investissement.

Tous ces chiffres ne sont pas négligeables. Et voici encore un qui ne vient pas naturellement à l’esprit : jusqu’à 75% des chefs d’entreprise n’ont pas lancé leur propre entreprise pour en faire une multinationale. Ils n’essayent pas de construire un prochain Viadeo ou Veolia. Ils ne sont même pas forcement attirés par les gros gains. La majorité des chefs des PME/TPE sont là pour une simple raison : LA LIBERTE. Je pense qu’aucun leader politique ou économique ne le sait.

Environs 800 000 chefs des petites entreprises (soit les 25% restants) veulent construire quelque chose de significatif. Ils rêvent de conquérir de nouveaux clients, de nouveaux marchés, de construire des empires. Ce sont les personnes les plus importantes au monde. Car si elles / ils gagnent leurs conquêtes, toute l’économie y gagne.

Aujourd’hui il n’y a pas de conquête plus héroïque que celle de ces 800 000 chefs d’entreprises. Toutes les fins de semaine le Président de la République devrait attribuer des médailles à ces fondateurs de PME/PMI. La raison y est simple : lorsqu’ils / elles gagnent de nouvelles parts des marchés à l’international et lorsqu’ils / elles attirent des nouveaux clients partout dans le monde, ils / elles permettent de créer des emplois en France.

Et si l’on avait à prédire quel serait l’avenir de la France dans 10 ans : qu’elle fasse faillite ou qu’elle devient un pays prospère, cette prédiction sera basée sur l’avenir de ces 800 000 chefs d’entreprises et la réussite de leur aventure entrepreneuriale.

Source image: Wikimedia

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Jesse LEBLANC

Jesse LEBLANC est un entrepreneur, consultant et coach des entreprises, des entrepreneurs et des investisseurs de tout âge et de toute situation économique. Il...

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