Dans beaucoup de pays européens, et en France en particulier, les relations avec la retraite ne semblent pas correspondre aux réalités, aux opportunités, ou aux attentes du monde d’aujourd’hui et de demain. Cela se manifeste, entre autres, dans des débats autour de la durée de cotisations et de l’âge du départ à la retraite. On entend des propos du type : « Dans N années je vais partir à la retraite, et enfin je vais pouvoir faire ce que je veux/vivre la vraie vie, etc. »
Et pourtant, les générations actuelles vont vivre longtemps, très longtemps après avoir dépassé l’âge légal de départ à la retraite. Cela signifie qu’il faut repenser les objectifs de notre vie et les repositionner différemment dans la durée.
Regardons plus de cent ans en arrière. Je me réfère à Ilya Metchnikov, le Prix Nobel de Physiologie et de Médecine de 1908, fondateur de l’embryologie évolutionnaire, de la gérontologie scientifique et de beaucoup d’autres concepts fondamentaux de la médecine. Ce collaborateur de Louis Pasteur et vice-directeur de son institut disait à l’époque que l’homme naît avec un potentiel lui permettant de vivre jusqu’à cent cinquante ans et que toute mort avant cet âge équivaut à un homicide…
Il y a quelques mois j’ai vu une photo qui datait de l’époque de Metchnikov : sur un banc étaient installées six personnes âgées, une femme et cinq hommes. La légende indiquait que la femme avait 107 ans et les hommes 122 ans, 118 ans, 110 ans, 112 ans et 120 ans. Certes, en les regardant on comprenait que ces personnes n’avaient jamais utilisé de crèmes antirides. Bien entendu, elles n’avaient jamais recouru à la chirurgie esthétique. L’état de leur dentition était loin d’être parfait.
Néanmoins, toutes les personnes représentées sur cette photo avaient l’air d’avoir une discussion animée et leurs yeux étaient pleins de vie et de sagesse…
Je me permets de présumer que dans leur enfance on ne les avait pas souvent traitées de « nuls » et qu’à 45 ans personne ne les avait mises dans la case « sénior », en limitant ainsi le spectre d’opportunités du reste de leur vie…
Passons plus loin dans les tranches d’âge. Aujourd’hui l’Organisation Mondiale de la Santé considère qu’une personne est dite « âgée » à partir de 60 ans. Or, nous avons vu plus haut qu’en France de nombreuses personnes de cet âge divorcent, refondent une famille et commencent une nouvelle vie…
En janvier 2017 la Société Japonaise de Gériatrie a proposé de compter ces citoyens parmi les « personnes âgées » seulement à partir de 75 ans (au lieu de 65 ans précédemment). Cette décision a été prise suite aux nombreuses consultations des représentants du monde médical, et confirmée par le fait que, du point de vue biologique, ces personnes sont devenues de cinq à dix ans plus jeunes que leurs aïeuls des générations précédentes.
Cette nouvelle définition permettra aux personnes qui considèrent qu’elles peuvent et veulent travailler après 65 ans, de le faire. Déjà avant cette proposition près de 22 % des Japonais de plus de 65 ans continuaient à travailler. Cette tranche de population se trouve parmi les membres les plus actifs des fitness clubs.
Outre l’activité professionnelle classique, le travail associatif des personnes âgées est fortement encouragé au Japon. Le fait de mener une vie active avec l’avancement dans l’âge permet de rester en meilleure forme mentale et physique pendant plus longtemps.
Un autre fait est remarquable. Il y a quelques années une nouvelle université a été créée au Japon. L’un des critères d’admission de ses futurs étudiants était le fait d’avoir plus de 80 ans… Eh oui, beaucoup de personnes de cet âge regrettent de ne pas avoir fait d’études dans tel ou tel domaine. En partant du principe « mieux vaut tard que jamais », elles se lancent à la conquête des matières qui les intéressent.
Regardez autour de vous : les personnes qui sont passionnées par ce qu’elles font, vivent bien plus longtemps que leurs pairs. Pour le comprendre il suffit d’observer les Prix Nobel, les chercheurs de tous types, les entrepreneurs, etc.
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