L’être humain avait toujours envie de connaitre son avenir. A travers les siècles de l’histoire, les astrologues et autres liseuses de fortune étaient très convoités. Aujourd’hui, lors du changement de paradigme du monde dans lequel nous vivons, beaucoup se posent les questions sur leur avenir professionnel. Cet avenir sera altéré non seulement par la propagation de la digitalisation et la robotisation, mais également par les changements structurels de l’organisation de toute notre société et de nos repères.
Certes, cela provoquera des tragédies humaines pour ceux qui ne se sont pas préparés aux changements structurels du monde de travail. Cependant, une chose est certaine et devrait être répétée encore et encore : toute transformation, tout changement de paradigme fait naître des opportunités inouïes pour tous ceux qui savent les remarquer et qui veulent les saisir.
Nous pouvons déjà apercevoir les prémisses du fait que notre « demain » sera plus complexe que notre « aujourd’hui ». C’est à vous de décider si vous voulez le rendre plus agréable et humain pour vous et vos proches.
Si jusqu’à présent vous vous êtes laissé porter par le hasard et les envies des autres, il est plus que jamais temps de prendre votre destin professionnel en mains. Dans le cas où vous savez déjà ce que vous voulez faire de votre vie, c’est indéniablement l’instant propice pour mieux adapter votre stratégie au monde de demain et réfléchir aux nouvelles tactiques à mettre en œuvre.
L’un des risques créés par la naissance d’un nouveau monde, c’est qu’il sera très différent de ce que nous attendons. Pensez-y : le XXe siècle ne ressemblait pas du tout au simple prolongement du XIXe, comme l’attendaient les contemporains. Relisez les romans de Jules Verne et comparez-les avec les réalités du XXe siècle. Elles n’avaient que peu de choses en commun avec ce que décrivait le futuriste. Le siècle dernier est arrivé plein de force, de chaos et de déchirements. Il a jeté la vielle Europe dans le choc du tango argentin, des ballets passionnés et chaotiques de Diaghilev, ainsi que dans les révolutions et la Première Guerre mondiale…
Nous pouvons bien faire des efforts pour entrevoir les grandes lignes du monde professionnel de demain. Toutefois, ce passage vers le monde professionnel nouveau pourrait s’avérer, comme le passage du XIXe vers le XXe siècle, soudainement différent de tout ce que nous avons pu imaginer. Ce qui vous semblera être une fête de la joie de vivre, à la mesure du monde d’aujourd’hui, demain sera une réception au bord d’un Titanic. Je ne prétends pas avoir une boule de cristal permettant de prédire l’avenir. Mais je sais qu’il sera différent du présent et que toute hypothèse réfléchie le concernant est à prendre en compte.
Savez-vous qu’en 1898 l’écrivain américain Morgan Robertson a publié un roman nommé Futility, or the Wreck of the Titan ? Ce fils d’un capitaine de navire maîtrisait bien les détails des technologies maritimes les plus modernes de l’époque. Dans ce roman, le navire décrit, considéré comme insubmersible à l’époque, heurte un iceberg avant de sombrer dans les profondeurs de l’Atlantique avec un grand nombre de passagers à bord, faute d’un nombre suffisant de canots de sauvetage. Peu de temps après, la conception du plus grand bateau de l’époque, nommé Titanic, a commencé…
Quel que soit le nom du navire qui nous amènera dans le monde professionnel de demain, il n’y aura pas de place pour tout le monde à la fête de la joie de vivre et de la réussite. Les pyramides hiérarchiques des entreprises s’aplatissent, les technologies remplacent les êtres humains là où on ne les attendait pas, les structures sociales et sociétales s’effondrent et les places confortables et rassurantes deviennent de plus en plus rares.
Ce contexte me fait penser à la nouvelle The Roads We Take (Les routes que nous empruntons), où l’écrivain américain O. Henry raconte une histoire de l’époque du Wild West.
Quelque part dans les grands espaces de l’Arizona, trois bandits, Bob Tidball, « Requin » Dodson et John Big Dog, attaquent un express et s’enfuient avec un pactole de 30 000 dollars, une fortune à l’époque. Pendant le braquage, John Big Dog est tué ; lors de la fuite, le cheval de Bob Tidball se casse la jambe et son maître l’achève. Après un bref repos, les gangsters décident de reprendre la route, et Bob Tidball, qui a perdu son cheval, commence à réfléchir à la manière dont ils peuvent s’installer à deux sur Bolivar, le cheval du chef de gang « Requin » Dodson. Or ce dernier répond : « Bolivar, he’s plenty tired, and he can’t carry double » – Bolivar, il est trop fatigué, il ne peut pas porter une double charge, – et, malgré les arguments de Bob Dodson, tâchant de prouver l’inverse, il tue son compagnon d’armes et ami de longue date. Ensuite il se met sur Bolivar et continue la route tout seul en emportant le pactole de 30 000 dollars…
Des chevaux et d’autres modes de transport pour demain seront nombreux, faudrait-il encore les reconnaître. Tâchez de garder les pieds sur terre et de discerner quelques-unes de nombreuses opportunités qui s’offrent à nous dans le monde changeant d’aujourd’hui.
L’un des grands stratèges de guerre du passé a remarqué qu’un homme averti vaut un homme armé. À ce point vous êtes au moins averti.
