Définitions : Liquidité des marchés financiers

On entend souvent parler de la liquidité des marchés, ou de son manque. En quoi ce concept est-il important ? A quoi correspond-t-il ?

En effet, le terme « liquidité » (en économie, finance, investissements) se réfère à la capacité des investisseurs à échanger un actif financier, comme une obligation ou une action, pour de l’argent sans impact significatif sur le prix de cet actif. Plus cette transaction est facile, rapide et peu coûteuse, plus cet actif est liquide. De même, plus le marché financier est capable de faciliter la vente des actifs sans que le vendeur ait besoin de baisser le prix, plus ce marché est liquide.

Dans le monde de l’économie réelle, le business de vente des baguettes est une activité très liquide : vous pouvez en vendre des centaines, voire des milliers par jour. Le business de vente des maisons est beaucoup moins liquide, sauf si vous vendez vos maisons au prix des baguettes.

En parlant de liquidité on peut évoquer la circulation du sang dans le corps humain : plus le sang est liquide, mieux se déroule l’alimentation de notre corps en oxygène, en divers nutriments, et mieux sont éliminés les déchets de fonctionnement de nos cellules. Avec un sang trop visqueux certaines parties du corps restent sous-alimentées, d’autres commencent à stocker trop de déchets qui, en se dégradant empoisonnent cette partie du corps.

Ainsi, l’éventualité de disparition de la liquidité des marchés représente un grand risque pour les investisseurs. D’après la théorie économique, ceux qui prennent plus de risque en achetant des actifs peu liquides, devraient être récompensés par les rendements plus élevés pour le risque qu’ils prennent. Ainsi, un investisseur peut gagner une prime significative en utilisant son capital pour fournir des liquidités et, à travers les mécanismes du marché, en assurant qu’il y a toujours suffisamment de liquidité disponible.

Les institutions financières du type assureurs, fonds d’investissement alternatifs ou fonds de pensions ont les horizons d’investissement de long-terme, et, par conséquence, ont moins de besoins non-anticipés de liquidité à très court terme. Ils peuvent faire de l’argent, et réduire les risques de liquidité, en fournissant cette liquidité à ceux qui en ont besoin.

Myron SCHOLES, le personnage mythique du monde de la finance, a même introduit un nouveau concept de transfert de la liquidité à travers le temps lui donnant le nom grec : oméga. Ce concept représente la réduction de la résistance des marchés à travers la provision de la liquidité et le transfert des risques. Il peut être comparé avec la résistance électrique, mesurée en ohm. Les générateurs d’oméga sont précisément les sociétés de capital-risque, les fonds d’investissement alternatifs, etc. Oméga peut être considéré comme le prix d’intermédiation à travers le temps. Cette dernière peut s’avérer très utile, notamment dans le domaine de gestion des retraites.

Toutefois, le prix de liquidité n’est pas constant, il évolue avec le temps. La liquidité devient très coûteuse en période de crise. Plus le marché est résistant, moins il est liquide et plus le prix de liquidité est élevé. Donc, oméga réagit aux changements du prix de liquidité. D’autre part l’oméga intervient lors de transfert des risques. Ce dernier est fréquemment utilisé dans les marchés des matières premières et de la réassurance.

Néanmoins, l’intermédiation à travers oméga ne fonctionne pas toujours, comme l’ont bien démontré les évènements de la semaine dernière. Pendant les périodes des chocs de liquidité, ou quand tous les intermédiaires arrêtent leur intermédiation, parce qu’ils ne peuvent plus calibrer leurs modèles ou estimer correctement les évaluations des actifs.

Lorsque les marchés sont calmes, tout le monde a du temps pour réfléchir et pour agir, et pour que les choses évoluent ou changent il faut beaucoup de temps. Dès que la volatilité augmente, les acteurs du marché sont forcés d’agir plus rapidement. Lorsque la volatilité devient extrême, le temps s’arrête. C’est pendant les grands chocs que la volatilité devient extrême car tellement de décisions doivent être prises rapidement et sans la possibilité d’évaluer et incorporer toute l’information disponible. Par conséquent, les intermédiaires retirent leur capital et réduisent leur approvisionnement en oméga des marchés. Dès que l’investisseur ne connait plus la valeur des actifs ou des besoins en liquidité ou qu’il vend, les flux dépassent le pouvoir de substitution. A ce moment deux choses se produisent : la liquidité meurt et les prix des actifs chutent.

Myron SCHOLES a proposé d’introduire le concept d’ « option de liquidité », une sorte de possibilité pour les sociétés d’acheter une protection contre le risque de liquidité du marché. Cette option pourrait donner aux institutions financières le droit, mais pas l’obligation, de vendre leurs actifs au prix prédéfini. Je pense que cette bourse d’assurance liquidité pourrait être similaire à la Bourse du carbone. Cela permettrait aux portefeuilles à haut risque d’être liquidés à un prix et à une vitesse prédictible dans les situations où les prix chutent en réponse à l’assèchement de liquidité. Le prix de ces options pourrait refléter le prix de liquidité et ainsi il changerait en même temps que les conditions du marché.

Il n’existe aucune solution parfaite permettant de diminuer le risque des crises financières. Toutefois, le rôle de liquidité y est prépondérant. En intégrant ce fait on peut aisément suivre l’exemple de Warren BUFFET, l’investisseur admiré des américains qui suggère : « ayez le reflex d’investir lorsque la demande de liquidité est la plus forte, surtout dans les situations de détresse, où le retour sur la liquidité fournie est le plus élevé ».

Source image : Wikipedia

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Edouard DE BERLEAU

Édouard DE BERLEAU est un expert du domaine de la finance et tous les sujets connexes. Il a travaillé dans des grandes institutions et...

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