Cycles économiques: la géopolitique et les énergies nouvelles

Toute évolution se déroule d’une manière cyclique : hiver-printemps-été-automne-hiver, jour-soir-nuit-matin-jour, prospérité-récession-dépression-amélioration/croissance économique-prospérité…

Un arbre est constitué de branches, qui, à leur tour ressemblent aux arbres de taille plus petite, qui, à leur tour, ont des branches qui ressemblent aux arbres encore plus petits, etc… De la même manière, les longs cycles économiques contiennent des cycles plus courts, qui contiennent les cycles encore plus courts, etc.

Notre connaissance des cycles de développement s’affine avec le temps. Par exemple, les Cycles de Kondratiev d’une durée entre 40 et 60 ans, ont été décrits en 1926, mais ensuite ont été rejetés pendant plusieurs décennies suivant la deuxième guerre mondiale. Ce n’est que dans les années 1990s que les explications liant les Cycles de Kondratieff aux grandes tendances de consommation les ont ressuscités. Par exemple, le pic de consommation d’un américain moyen arrive à l’âge de 46 ans, et pour les populations plus aisées cet âge est de 52 ans. Les deux tranches d’âge se trouvent dans la fourchette du Cycle de Kondratiev.

Ce cycle est très important pour les pays développés, car la consommation représente le moteur de croissance de la société. Notamment, suite au vieillissement de la génération des Baby-boomers, la consommation va ralentir considérablement au cours de 5-10 prochaines années.

L’impact de tout cycle économique peut s’intensifier ou diminuer lors de ses interférences avec d’autres cycles. A part les cycles liés à la consommation ils existent des cycles liés aux prix des matières premières, qui durent entre 29 et 33 ans. Ils sont très importants pour les pays émergents, exportateurs de matières premières. Ce cycle s’est orienté vers sa pente baissière en 2008.

De plus, il y a des cycles géopolitiques de 34-36 ans, qui présentent des tendances positives pendants 17-18 ans suivis par des instabilités géopolitiques pendant environs le même laps de temps. Par exemple, l’une des périodes géopolitiques négatives s’étalât de 1929 au 1947, la deuxième guerre mondiale était son apogée. La période de calme qui l’a suivi, a été perturbée entre 1965 et 1982 par la Guerre Froide, Vietnam, Afghanistan… La nouvelle pente négative dans ce cycle a démarré en 2001 avec 9/11, suivi par les invasions militaires américaines en Afghanistan et Irak, par les « printemps arabes », etc. Cette tendance négative devrait perdurer encore pendant 4-5 ans.

Les périodes les plus intéressantes de l’histoire sont celles où les mêmes tendances des cycles se déroulent en même temps en s’amplifiant. L’exemple de cette amplification a été observé lors des périodes des tendances positives du cycle géopolitique et celui de consommation entre 1948 et 1965, 1983 et 2000. Pendant ces périodes le monde a bénéficié d’une croissance économique extraordinaire.

Aujourd’hui nous vivons dans une époque où les trois cycles décrits ci-dessus ont simultanément une tendance négative. Alors, imaginez la descente vers le fond d’une récession profonde qui nous attend… En même temps ce sont les périodes les plus difficiles économiquement, instables et turbulentes qui créent le plus d’opportunités.

Quelles sont les opportunités qui peuvent apparaitre au cours des prochaines années ?

Prenons le prix du pétrole. Il a augmenté de $10 à $147 en dix ans, entre 1998 et 2008. Ensuite, à la fin du 2008, il a rechuté à $32 seulement en quatre mois. Par ailleurs, la montée jusqu’à $147 n’était pas liée uniquement à la géopolitique, mais également à la spéculation : profitant des taux bas imposés par la Réserve Fédérale, les fonds spéculatifs utilisaient l’effet de levier de 30 à 50. Dès le début du crash boursier en septembre 2008 ces fonds ont été obligés de vendre au plus vite leurs actifs, afin de respecter leurs « appels de marges » imposés.

Depuis 2008 la Réserve Fédérale continue d’injecter des liquidités qui, au lieu de relancer l’économie, finissent sur les marchés financiers. Dans le contexte actuel de l’extrême bulle et avec des niveaux de levier restant toujours importants, la prochaine secousse significative va être suivie par une chute très rapide des marchés. Dans ces situations les spéculateurs n’ont pas le temps de prendre en considération les tendances ou les valorisations à long terme. Ils vont devoir vendre très-très vite.

Si le prix du pétrole chute vers $20 – $30 au cours des prochaines années, il faudra s’attendre à encore plus d’instabilité au Moyen Orient et dans d’autres pays émergents. Nous sommes bien dans les tendances baissières indiquées par le cycle géopolitique.

La conséquence encore plus importante : la baisse des cours du pétrole jusqu’à ce niveau va discréditer divers types des produits et des stratégies énergétiques. Par exemple, les analyses démontrent que le pétrole de schiste cesse d’être rentable lorsque son prix descend en-dessous de $48.

Différents types d’énergie alternatives (solaire, etc.) ne sont pas vraiment profitables à l’heure actuelle, mais peuvent le devenir suite à l’évolution radicale des technologies. Leurs couts ont baissé d’environ 50% au cours de cinq dernières années ; l’efficacité des batteries solaires continue à s’améliorer et les prix baissent.

Et puis, il y a les nanotechnologies… Imaginez un nanobot volant dans l’atmosphère et extrayant les particules chimiques permettant de générer l’énergie et de diminuer la pollution en même temps. Nous ne sommes certainement pas loin de cette réalité.

Les nouvelles technologies créent toujours des opportunités sur les cendres des faillites et les ruines après les tempêtes. C’était le cas pendant la Grande Dépression entre le milieu des années 30s et 40s, tout comme entre les débuts des années 1970s et 1980s.

Nous sommes à l’aube d’une période qui va accélérer l’innovation radicale au cours des prochaines années. La Grande Récession va probablement être la période la plus éprouvante que l’on aura connu de notre vivant. Toutefois, les évènements comme la baisse du prix du pétrole, qui accompagnent cette récession, vont certainement propulser l’innovation radicale. Elle va changer non seulement nos habitudes de consommation liées à l’énergie, mais probablement la globalité de notre style de vie.

Source d’images : Wikimedia

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Edouard DE BERLEAU

Édouard DE BERLEAU est un expert du domaine de la finance et tous les sujets connexes. Il a travaillé dans des grandes institutions et...

Lara STANLEY

Lara STANLEY écrit les analyses centrées essentiellement sur les sujets de l’économie, la finance et la société. Ayant travaillé dans les domaines de développement,...

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