Économie comportementale vs économie classique

L’économie classique est basée sur les données recueillies au cours de nombreuses années. Vous êtes nés et ce fait est enregistré pour devenir ensuite une donnée statistique utilisée dans les analyses économiques. Vous achetez une maison, un ordinateur, un billet d’avion – chacune de vos transactions atterrit dans une base de données statistiques. A la fin vous allez mourir et ce fait va également être enregistré.

En s’appuyant sur ces données quelqu’un va construire des modèles économiques. Ainsi, en se basant sur les évènements qui ont eu lieu dans le passé, ces modèles vont essayer de prédire l’avenir.

Depuis la fin du XX siècle l’économie comportementale prend de plus en plus d’importance. En plus des outils employés par l’économie classique elle tient compte des facteurs psychologiques, sociaux, cognitifs et émotionnels qui interviennent lors de la prise des décisions des individus et des organisations. La majorité des représentants du monde académique définissent l’économie comportementale comme la science du choix : quel enchainement des choix va, par exemple, inciter les gens à préserver la propreté des espaces publiques, à manger sainement ou à épargner.

L’économie classique présume que les êtres humains sont rationnels et qu’ils agissent en accord parfait avec les théories économiques. Richard Thaler, Professeur des Sciences Comportementales et de l’Economie à l’Université de Chicago a nommé ces créatures parfaites des « Econs ». Or les vrais êtres humains sont essentiellement irrationnels. Par exemple, les particuliers qui gèrent leur portefeuille d’actions ont tendance à vendre les actions les plus performantes, au lieu de vendre celles qui affichent les pertes. La raison est que de point de vue psychologique la perte de 100 euros a plus d’impact négatif que le gain de 100 euros a d’impact positif.

Par ailleurs, de nombreux évènements dans la vie sont générés par le comportement irrationnel, par ce que les hommes et les femmes pensent ou sentent avant de faire quelque chose, avant d’entreprendre une action. Ainsi, tout haut décisionnaire, un vrai leader, devrait construire, gérer et mener ces stratégies de sorte qu’elles agissent sur les « avants » des actions des êtres humains, et non pas « a posteriori ».

D’après Daniel Kahneman, Professeur de psychologie et d’affaires publiques à Princeton, les humains prennent quelques décisions importantes et entre 10 000 et 20 000 de petites décisions instantanées tous les jours : quel plat choisir pour le déjeuner, quel mail envoyer, quelles chaussures à mettre, quelle émission télé à regarder, quel appartement à acheter, avec qui se marier… Cela représente plus de 670 000 000 000 de décisions humaines qui régissent quotidiennement le fonctionnement de la France.

Prenez en compte ce nombre et pensez à toutes les interactions et liens possibles qui peuvent exister entre chacune de ces décisions et à leur propagation à travers le monde grâce à Twitter, Facebook et autres LinkedIn. L’ensemble est déterminé par l’état de l’esprit de chacun.

Or, l’économie classique ne mesure pas ce que vous pensez ou ressentez juste avant de prendre un café, d’acheter une voiture, d’appeler quelqu’un, de lancer un business, de contester, de voter… C’est pour cette raison que la majorité des décisions politiques et économiques prises sur les bases suggérées par l’économie classique ne donnent pas le résultat attendu.

L’intention est une force puissante et elle est formée avant que les gens entreprennent quoi que ce soit. Et ce sont ces « états d’esprit » qui créent les tendances dans le développement de l’entrepreneuriat, de l’innovation. Simples ressentiments comme confiance dans l’avenir, optimisme, détermination, créativité, espoir prédéfinissent les actions qui forment un avenir économique. C’est pourquoi la création d’emploi ne peut pas être faite par un décret gouvernemental, par une simple hausse ou baisse des impôts ou des taux directeurs d’une banque centrale.

Les plus puissants signes annonceurs de la future croissance économique résident dans l’entrepreneuriat et de l’innovation. Ces deux phénomènes sont presque impossibles à détecter, sans parler de les pronostiquer. La réponse se trouve dans le domaine de l’économie comportementale.

La croissance s’étouffe lorsque l’esprit entrepreneurial est bas, l’engagement se désintègre, tout s’arrête. Les gens manquent de volonté pour lancer un nouveau business. Petites et moyennes entreprises n’ont plus confiance, esprit ou imagination pour croitre. Les affaires stagnent.

C’est l’émotion de manque de confiance qui freine ces entreprises, et non pas les raisons rationnelles du type « manque de crédit » ou « charges importantes ». L’économie classique ne peut pas aider avec ce problème. Ce sont les paramètres peu rationnels du type « état d’esprit » mesurés par l’économie comportementale, qui doivent être pris en compte.

Source image : site www.gallup.com

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Lara STANLEY

Lara STANLEY écrit les analyses centrées essentiellement sur les sujets de l’économie, la finance et la société. Ayant travaillé dans les domaines de développement,...

Edouard DE BERLEAU

Édouard DE BERLEAU est un expert du domaine de la finance et tous les sujets connexes. Il a travaillé dans des grandes institutions et...

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