Au cours de l’été 2017, en collaboration avec nos partenaires, nous avons mené une étude concernant les tendances du marché du travail et plus généralement les perspectives de transformation de la société. Le début de l’analyse de cette étude se trouve ici.
Question 2 : Quelle définition pouvez-vous donner du mot « élite » ? Quel type de personnes désigne ce terme ?
Génération Y
Les représentants de la génération Y ont une vision assez claire, même si elle n’est pas toujours complète, de ce que l’on peut appeler « élite » de la société. On y retrouve des réponses du type :
« Les intellectuels (universitaires, écrivains, scientifiques) mais aussi ‘l’establishment’ économique », une « classe ayant accès à la gestion des plus hautes instances », les « personnes ayant une importance au moins historique, et ancrées dans la société. Ce sont les personnes avec le plus de pouvoir, qui sont souvent à la tête des décisions nationales et même globales » ; il s’agit du « top 5 % » ou encore une « communauté supérieure à la moyenne dans un domaine particulier ».
Génération X
Les représentants de la génération X donnent des définitions extrêmement variées et parfois surprenantes de l’élite.
Certains vont dans la négation totale du mot et de la couche de population qui peut porter le nom d’« élite ». On lit sous leur plume : « Élite, mot complètement démodé, insignifiant. », ou « ce mot fait référence à une approche d’un autre temps tendant à limiter les capacités de développement à un cercle restreint. – Les échanges en cercle fermé limitent les interactions, la sécurité que cette approche apporte s’accompagne d’un manque d’échanges et de compétition. Il en résulte une incapacité à s’inscrire dans son temps, à comprendre les tendances et à éprouver ses compétences. ».
D’autres ont une vision négative, et associent le mot « élite » aux personnes qui ont su profiter du système, sans correspondre réellement à la définition des « meilleurs » : « groupe de personnes avantagées par la nature (intelligence, fortune…) ou tirant parti d’un système en place (politiques, élus, …), pensant avoir plus de valeur que les autres » ou « diplômés des grandes écoles – mais pas forcément compétents. ».
Certaines des personnes interrogées restent beaucoup dans leur contexte professionnel, dans un cadre très « corporate » de la définition, comme : « Haut de gamme. Cadre dirigeant, supérieurs », ou « personnes ayant fait des études de type ENA, Polytechnique, ayant globalement un réseau influent par ces études ou le milieu de naissance », ou encore « grande maturité en management, en accompagnement humain et haute capacité à prendre du recul dans les réflexions stratégiques ».
En analysant les réponses nous avons eu le plaisir d’y trouver des définitions inspirant une belle vision de l’avenir :
- « Personne qui émerge, où se détache d’un groupe pour ses qualités de leader et de visionnaire, et qui, par un intérêt sincère pour le bien commun, conçoit, propose et met en œuvre des actions de progrès collectif », ou
- « Sage et expert incontesté dans une discipline »,
- « Les personnes les plus remarquables, de haute qualité »,
- « Outliner, personne d’exception »,
- « L’élite, c’est une personne qui a atteint un degré d’expertise dans son domaine professionnel, et qui, par sa haute expérience, est considérée comme la meilleure »,
- « Une élite est une équipe composée de personnes d’exception qui peuvent être des managers ou des experts hors pair dans leur domaine. Il y a des élites dans tous les domaines (la politique, la science, la finance, …) »,
- « Ce doit être un leader naturel avec une vision du futur »…
Certaines définitions ont été très brèves et ne sont pas très parlantes ou pas exactes, comme :
- « Expertise – Leadership »,
- « Responsable »,
- « Ceux qui peuvent décider »,
- « Personne d’influence au sommet de la pyramide »,
- « Personnes au-dessus de la mêlée, du commun des mortels ».
Dans tous les cas, les définitions données au mot « élite » mettent l’accent sur l’exception, l’accès à l’information, au pouvoir, à la connaissance et aux ressources financières sous des angles différents :
- « Groupe de personnes ayant le pouvoir décisionnaire et/ou intellectuel et/ou financier et/ou politique »,
- « Personnes de position sociale éminente actuellement : économique, politique, administrative, scientifique, académique, médiatique, sportive etc. Ces personnes sont reconnues comme telles par les autres membres de la société, positivement et négativement (être une élite contestée, c’est encore être une élite) »,
- « C’est compliqué, selon le contexte cela change. Globalement, quelqu’un qui a la possibilité d’influencer, quelqu’un qui a du pouvoir, dans le domaine financier, l’opinion publique ou les deux. Souvent, avec un actif ou des revenus supérieurs à ceux de 90 % de la population concernée »,
- « Des personnes ayant à la fois une influence financière et intellectuelle »,
- « Une personne ayant accès à des informations privilégiées ou à des moyens non accessibles au commun des mortels »,
- « Politiquement : personnes qui exercent le pouvoir. – Socialement : personnes ayant un certain niveau de culture et d’éducation »,
- « Intellectuellement développé et qui a accès au pouvoir de décision et d’exécution »,
- « Les personnes qui, par leurs capacités financières, politiques, médiatiques ou intellectuelles, sont capables d’influencer sérieusement la vie des populations »,
- « Les élites sont des personnes qui disposent de qualités particulières qui leur donnent du prestige ».
Génération Baby-boomers
Lorsque nous avons commencé à analyser les réponses de la génération qui, par son vécu, devrait incarner la sagesse, une vague de froid a passé dans l’air. Un certain nombre de réponses reflète une déception, une colère ou un mépris envers ceux que l’on appelle (ou qui s’appellent) « élites ». Les définitions variaient de
- « Chimère » à
- « Cela revient à la définition des crapules, selon Lacan. Il s’agit de ceux qui édictent et protègent les règles du Monopoly et assurent la survie du système. Ils sont les auteurs d’une crise qui leur profite. Il y a certainement une corrélation avec le niveau d’études et les appartenances subséquentes. Macron incarne parfaitement ce vocable d’Élite. »
Dans le registre un peu moins fort, mais tout aussi triste par rapport à ce que devrait évoquer le mot « élite », nous avons eu :
- « Élite : personnage dont on peut s’inspirer, qui peut servir d’exemple, qui est un leader et qui partage son énergie pour avancer. – Dans le monde réel je ne vois pas d’Élite », ou
- « Minorité qui a le prestige et le pouvoir – Peut cependant être mal connoté, particulièrement si les élites ne jouent pas un rôle moteur dans la société, mais vivent sur leur prestige et leur pouvoir sans contribution à celle-ci ».
Certaines réponses réduisent le rôle des élites dans la société aux besoins de l’estomac qui sont certainement importants, mais ne devraient pas être prépondérants : « Sur le plan économique : des chefs d’entreprise audacieux et clairvoyants, sociologiquement le mot élite n’a pas de sens ».
Il y avait des définitions plus strictes méthodiquement, comme :
- « Sont telles ou désignées comme telles les personnes qui appartiennent à des catégories socioprofessionnelles ou socioculturelles considérées comme supérieures en ce sens qu’elles détiennent le pouvoir politique et/ou économique et/ou d’influence dans un pays donné » ou
- « Personnes ayant un statut social les mettant en position de pouvoir influer sur la vie des autres », ou encore
- « Ceux qui influencent, décident et pilotent ».
Pour clore l’analyse des réponses à la question sur la définition des élites nous voudrions terminer sur une note d’espoir, celle qui donne envie de se poser, de reprendre son souffle, un peu d’optimisme, et de continuer en souriant :
- « Personne dans une société ayant des qualités socialement bienveillantes – Scientifiques, Chercheurs, Philosophes »,
- « Des personnes qui ont une vision, un esprit de conviction, du charisme »,
- « Des personnes cultivées et intelligentes, en capacité d’occuper des postes à responsabilité »,
- « Celle qui donne l’exemple, l’envie de la suivre – En haut de la société. »
La suite de l’analyse de cette étude se trouve ici.
