La biosphère et nous

Réfléchissons aux bases de notre existence. Rappelons-nous que l’espèce humaine n’est que l’une des espèces du monde animal qui fait partie de notre biosphère. Donc, comme toute espèce de ce type, les êtres humains sont censés vivre en harmonie avec la biosphère en maintenant l’équilibre planétaire global.

Avez-vous déjà entendu parler des cerfs ou des chevreuils qui, lors de périodes d’abondance, au printemps ou en été, après avoir mangé toute l’herbe d’une clairière, la saccagent au point que plus rien ne peut y pousser ? Pensez-vous que lors des hivers sévères, les meutes de loups mangent tous les animaux dans leur zone d’habitation, jusqu’au dernier lapin, sans en laisser quelques-uns pour qu’ils se reproduisent, et ensuite, affolés par la faim, commencent à se manger entre eux ? Par contre, les comportements équivalents sont fréquemment observés parmi les êtres humains…

L’harmonie de la biosphère est basée sur le fait que la consommation de chaque espèce correspond parfaitement à ce que la biosphère de son espace d’habitation peut produire. Aucune espèce ne peut consommer plus. Or la productivité de la biosphère est limitée aux buts nutritifs de tous. Elle est également soumise aux rythmes énergétiques et informationnels du cosmos. Cette productivité maintient les fluctuations de population de toutes les espèces dans les limites d’une évolution stable.

Le niveau de consommation et le catalogue des besoins des représentants de toutes les espèces sur tout leur cycle de vie sont constants du point de vue statistique. Cette situation a changé avec l’apparition de l’être humain, car le catalogue de ses besoins a changé au cours du processus historique global. L’homo sapiens est la seule espèce de la biosphère qui définit elle-même une certaine partie de ses besoins. C’est également l’espèce qui choisit des limites et les moyens d’extraction de l’espace naturel des éléments et des énergies qu’elle considère lui être nécessaires.

En le faisant, l’homo sapiens peut procéder d’une manière

  1. Réfléchie et responsable
  2. Réfléchie et en croyant que tout lui est permis
  3. Irréfléchie

La situation sur notre planète a changé radicalement au XIXe siècle, où la culture de la société humaine et les technologies associées sont devenues prédominantes sur les rythmes biologiques, et ont mis une pression destructrice sur la biosphère. Ce phénomène, ainsi que le rôle de la structure de la société, n’ont pas été compris par Thomas Malthus, d’où sa théorie des « êtres meilleurs » et sa justification des génocides. Pourtant il aurait pu remarquer que les systèmes des communautés appelées « primitives » existent d’une manière stable pendant des millénaires, car ils évoluent dans l’équilibre économique et écologique avec la nature. Ils vivent dans une harmonie interne et ne connaissent pas beaucoup de maladies modernes.

Plusieurs tendances positives sont apparues au cours des dernières années. Déjà il y a plus d’une dizaine d’années, en achetant votre barquette de framboises dans l’un des Waitrose à Londres vous pouviez y voir l’adresse d’une exploitation agricole du Kent, précisant que cette barquette n’avait voyagé que quelques dizaines de kilomètres pour arriver jusque chez vous. Aujourd’hui, dans la majorité des supermarchés de l’Eurasie, depuis la pointe de la Bretagne jusqu’à la côte Pacifique, vous trouverez les rayons « Produits locaux ». Ce n’est pas le hasard que les produits qui y sont exposés sont achetés bien plus rapidement que ceux des rayons voisins. La variété et le nombre des produits bio et de ceux qui sont issus de l’agriculture responsable ont également explosé au cours de ces dernières années.

Les plus grands leaders mondiaux font appel au développement économique responsable. Lors du Sommet mondial pour le développement durable de 2002, qui s’est tenu à Johannesburg, l’une des remarques des représentants des pays émergents était qu’on leur demandait d’être écologiquement responsables, tandis que les pays comme États-Unis, qui ne représentent que 5 % de la population mondiale, consommaient 50 % des ressources énergétiques mondiales et produisaient 40 % des déchets mondiaux.

Les temps ont changé et le Président des États-Unis élu en 2016 appelle à faire revenir les capacités de production dans le pays, à consommer local, à consommer patriotique. Outre la relance économique ceci contribue au développement durable.

À son tour, le Président chinois multiplie les appels au respect de l’environnement et au développement de l’économie circulaire. Le gouvernement chinois met en place des normes environnementales de plus en plus strictes pour les entreprises.

Le Président russe, dans son intervention à la 70e session de l’ONU en septembre 2015, après avoir mentionné les objectifs de son pays concernant la réduction de l’émission de gaz à effet de serre, a proposé de considérer la problématique de l’écologie et du climat d’une manière plus globale. Car, en se donnant seulement des objectifs quantitatifs, nous pouvons atténuer la gravité du problème pendant un certain temps, mais nous ne le réglerons pas définitivement.

Pour résoudre ces problèmes nous avons besoin d’autres approches qui doivent être qualitativement et structurellement différentes. Il s’agit de la mise en place des technologies novatrices simulant le fonctionnement de la nature, utilisant les mêmes matériaux et processus, celles qui, au lieu de porter préjudice à l’environnement, restent en harmonie avec ce dernier. C’est ce type de nouvelles solutions qui permettra de restaurer l’équilibre entre la biosphère et la techno sphère, équilibre qui a été brisé par l’homme. Certes, c’est un défi planétaire. Toutefois, l’humanité possède le potentiel intellectuel nécessaire pour trouver de telles solutions.

En laissant de côté, pour l’instant, les défis planétaires, revenons-en au fait que vous et moi, nous faisons partie de la biosphère avec toutes les possibilités quasi infinies que cela engendre. Du point de vue de la logique pure, toutes les structures créées par les humains, y compris les entreprises, devraient contribuer à maintenir l’équilibre global. Toutefois, ce n’est pas forcément le cas. En dépit du fait que l’ensemble des contributions des êtres humains au sein d’une organisation porte le nom de « capital humain », qui s’intègre bien dans la terminologie du monde de l’entreprise, ces dernières ne semblent toujours pas comprendre que leur actif le plus précieux, ce sont les êtres humains.

Pour souligner ce fait, il sera intéressant d’introduire un indicateur de valorisation des organisations. Elles devraient être suivies en traçant l’évolution qualitative de leur « valeur en capital humain » ou « capitalisation humaine » au même titre que leur capitalisation boursière.

Certes, tout est bien plus simple lorsque nous parlons de l’amélioration des marges suite à l’introduction de nouvelles méthodes de travail ou de la robotisation, de la réduction des coûts ou de l’ouverture de nouveaux marchés. Tout devient bien plus complexe dès que nous commençons à parler de l’humain…

Au cours des dernières années, plusieurs organisations à travers le monde ont initié une démarche visant à estimer leur empreinte environnementale. Son interprétation actuelle est assez large et va de la simple mesure de leur empreinte carbone jusqu’à l’estimation de la responsabilité sociétale de leurs fournisseurs.

Peut-être un jour arriverons-nous à mesurer l’impact humain et biosphérique, l’éthique et le sens moral de l’entreprise et de son personnel…

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Lara STANLEY

Lara STANLEY écrit les analyses centrées essentiellement sur les sujets de l’économie, la finance et la société. Ayant travaillé dans les domaines de développement,...

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